Conférence publique
Mardi 23 octobre à 19h 
UQAM, salle DS-R515
320 rue Ste-Catherine 


Les ancêtres que l’on commémore et ceux que l’on oublie : Enquête sur quelques phénomènes mémoriels durant le règne du roi kouchite Aspelta

par Jessica Bouchard
Doctorante en égyptologie/nubiologie 
UQAM et Université de Münster 

   
Lunette de la Stèle d'Élection du roi kouchite Aspelta
Grimal, Quatre stèles napatéennes, pl. I 
    Paradoxalement, l’un des souverains les mieux documentés du royaume de Kouch, le roi Aspelta dont le règne est situé approximativement au début du VIe s. av. J.-C., fut aussi la cible d’une virulente campagne de damnatio memoriae. Nous proposons donc d’observer de plus près la tension entre mémoire et oubli qui semble culminer sous son règne afin d’éclairer la perception de l’histoire telle que manifestée dans les sources royales. Les inscriptions indiquent que la légitimité du règne d’Aspelta fut construite d’abord via l’ancrage dans la continuité d’une lignée importante (son ascendance sur sept générations dans la Stèle d’Élection), puis sur le respect du culte des ancêtres (Stèle de Khaliut). Le roi kouchite, tout comme ses contemporains en Égypte, fut donc soucieux de s’inscrire le plus profondément possible dans un passé royal, tirant ainsi une part de légitimité de certains ancêtres bien choisis. Plus tard dans son règne, il recherche l’appui que lui confère l’établissement d’un culte pour un fils de Piankhy, démontrant par la même occasion l’importance qu’on pouvait accorder à l’existence prolongée par la commémoration. Le coup assené à sa mémoire par plusieurs actions à visée damnatrice (bris de statues, effacement de cartouches, destruction d’édifices, etc) dut alors être accablant, une attaque à la fois envers son pouvoir et envers sa mémoire. Mais s’agissait-il réellement d’une seule campagne organisée dans le but d’effacer son règne de l’histoire, ou plutôt d’actions différenciées, symptômes d’un règne tumultueux ?